Végétation et Réchauffement

  • Michaël Jaunet
  • Presse
Végétation et Réchauffement

Peut-être avez vous remarqué dans votre jardin qu'en cet automne 2020, cerisiers, camélias, orangers du Mexique commencent à fleurir ou encore des jonquilles sortant de terre avec des boutons bien formés prêts à débourrer comme on dit dans le jargon des paysagistes. Ce phénomène spectaculaire vous interpelle? Faut il s'inquiéter? avant de répondre à l'impact du réchauffement climatique, voyons comment cela se passe en "temps normal"

La chute des feuilles

En fin d'été les arbres avant de perdre leurs feuilles font le plein d'azote et de phosphore contenus dans les feuilles avant qu'elles ne se détachent. Ils prélèvent à ce même moment et toujours dans les feuilles des sucres qu'ils vont stocker dans leur tronc. Les arbres constituent ainsi leur réserve hivernale. En l'absence de chlorophylle les feuilles ne sont plus vertes mais enfilent leur parure automnale du jaune au rouge en passant par des nuances orangées.

La dormance hivernale

A l'université du Connecticut aux Etats-Unis, une jeune étudiante américaine Yingying Xie a fait sa thèse sur les feuillages d'automne et plus particulièrement en période de réchauffement climatique qui se traduit en hausses des températures et apparition de phénomènes extrêmes de plus en plus marqués. En croisant les données météo avec ceux de la NASA qui scrute la terre en permanence grâce à ses satellites, elle a pu déterminée l'évolution de début de dormance (période où les arbres enclenchent la chute de leur feuilles) de 2002 à 2012.

Evolution à venir

Le résultat de cette enquête nous montre que dans les décennies à venir ce que l'on observe déjà entre les régions du nord et du sud de la France. Soit des automnes plus précoces et rapide dans les zones sèches liées au stress hydrique (manque d'eau en fin d'été). A l'inverse dans les zones douces et plus ou moins humide, on aura des automne plus tardif et plus long dû à la hausse des températures et des précipitations plus importantes. 

Mon avis

En tant que jardinier-paysagiste, aujourd'hui guide nature et coach jardin,  j'ai  choisi de m'installer en Anjou il y a 25 ans réputé comme le dit Joachim Du Bellay pour sa douceur angevine. Ayant exercé mon métier en prenant en compte ce changement climatique dans ma façon de travailler et maintenant de conseiller les particuliers. Je pense qu'on ne peut pas à ce stade lutter contre le réchauffement climatique mais vivre avec. D'ailleurs en Anjou je pense qu'il est possible que nous bénéficions à termes des avantages de ce changement sur les cycles végétatifs. Lors de mon dernier voyage sur l'Ile de La Gomera en 2018 qui se situe dans l'archipèle des Canaries au large de l'atlantique mais qui reste une des zones les plus chaude de l'Europe en hiver, j'ai pu observer que l'on pouvait planter des pommes de terre 3 fois par an. Ce qui est quand même un sacré avantage en terme de productivité. Chez moi à Ecouflant (49) j'ai remarqué que des pommes de terre que j'avais oublié de récolter avaient données à nouveau en automne. J'ai observé également en dehors de sa foret primaire des phénomènes de gigantisme. On retrouve ce phénomène sur certaines plantes dans les Basses Vallées Angevines sur le plantain. 

Arbres et arbustes précoces

En période automnale il ne faut pas s'allarmer ce n'est pas la formation d'un début de floraison qui va empêcher l'arbre de faire sa pleine floraison au printemps. Même si ces bourgeons étaient amenés au stade de floraison, la fructification qui pourraient s'en suivre seront vaine et n'affecteront pas la santé des arbres en raison que la sève descendra de toutes façons. Le principale étant que les chutes des feuilles aient lieu avant la période de froid hivernal. Ainsi la plante se met naturellement hors gel. Plus la chute des températures est progressive mieux l'arbre va être résistant au froid et pourra résister à des températures très basses. 

Comment protéger ses plantations en novembre?

La première chose à faire est de protéger ses plantes 24h avant l'arrivée du froid. En générale les vagues de froid sont toujours bien annoncées par Météo France. Il est conseillé d'avoir à portée de main du voile d'hivernage qui servira à enrubanner les végétaux sensibles au gel. On peut aussi dans la mesure du possible prévoir un emplacement dans son garage ou une dépendance non chauffée mais avec une source de lumière pour y entreposer les plantes en pots sensibles au gel comme les lauriers roses, les agrumes et les daturas par exemple. A prévoir également du foin ou de la paille voir des feuilles mortes pour protéger le système racinaire en les amassant aux pieds des plantations. 

 

En savoir plus,

Un article vient de paraître dans le Courrier de l'Ouest du 19 novembre 2020. Rendez vous sur le site du courrier de l'Ouest pour lire l'article

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